Jean-Louis Bordeleau
Publié et mis à jour le 25 juin 2024
Le transport en commun dit « à la demande » gagne en popularité au Québec. Après Gatineau, Richelieu et la périphérie montréalaise, c’est au tour du Saguenay d’adopter cette façon différente de se déplacer en ville.
Le principe est assez simple. On enregistre le trajet que l’on veut faire sur une application, et l’autobus passe vous chercher à l’arrêt le plus près de chez vous à l’heure demandée. Puisque vos voisins font la même chose, un algorithme optimise le trajet de l’autobus au gré des commandes. Cette approche à mi-chemin entre le taxi et le bus traditionnel entrera officiellement dans trois quartiers du Saguenay d’ici 2025, a appris Le Devoir.
Frédéric Michel, directeur général de la société de transport du Saguenay (STS), confirme les bonifications à venir. Les quartiers de La Baie, de Jonquière et de Chicoutimi-Nord seront desservis grâce à ces « autobus sans itinéraire, sans ligne fixe, sans horaire ».
« On se promenait avec des autobus sans personne à l’intérieur. Ça a des coûts, des impacts environnementaux aussi. Ça a motivé notre transition », explique-t-il.
Son équipe transformera les lignes fixes en lignes souples, principalement les soirs et les fins de semaine. Les matins de semaine, « il y a trop d’achalandage », alors des lignes fixes continueront de transporter les clients. Le transport à la demande doit forcément coexister avec du transport classique, car c’est « un modèle qui fonctionne quand l’achalandage est bas. » Au-delà de dix passagers en même temps dans l’autobus, le système ne peut plus « absorber » la demande, et les délais deviennent de moins en moins attractifs.
On se promenait avec des autobus sans personne à l’intérieur. Ça a des coûts, des impacts environnementaux aussi. Ça a motivé notre transition.
— Frédéric Michel
« On peut réserver 25 minutes à l’avance, 7 jours à l’avance, autant de départs qu’on souhaite. On choisit soit l’heure d’arrivée, soit l’heure de départ. On ne peut pas choisir les deux en même temps », explique Frédéric Michel.
Les usagers répondront présents, croit la STS. Un projet-pilote instauré l’an dernier dans le secteur de La Baie a provoqué une hausse d’achalandage d’entre 3 % et 11 % par mois. « C’était un secteur en décroissance depuis ces années avant la pandémie », note M. Michel. L’économie pour la STS est aussi substantielle. Il en coûte 11,5 % moins cher pour faire fonctionner « essentiellement le même service ». Tous les détails du nouveau service seront rendus publics le 4 juillet prochain.
Deux nouvelles villes dans la couronne de Montréal
La STS n’est pas la seule à confirmer ces temps-ci l’implantation du service. Exo a indiqué en début d’année que ses autobus aux trajets flexibles deviendraient permanents à Beloeil et à McMasterville. Un projet-pilote semblable est aussi en cours à Terrebonne, et la décision de le pérenniser ou non sera connue l’an prochain.
Le succès semble au rendez-vous, puisque Exo prévoit étendre le « à la demande » à deux nouvelles villes — une sur la Rive-Sud et une autre sur la Rive-Nord — dans les mois qui viennent. « Ça fait partie de notre stratégie de croissance », confirme Marie Hélène Cloutier, directrice exécutive de l’expérience-client pour Exo.
Exo a supprimé ses lignes fixes à Beloeil pour implanter cinq autobus « à la demande », tandis qu’à Terrebonne l’entreprise a plutôt rajouté des voitures en plus de l’offre de bus déjà en place. Là, jusqu’à trois berlines à la fois comblent « le premier et le dernier kilomètre » des trajets. « Ça permet un rabattement vers les gares, vers les trains. […] Ça vient améliorer l’accès au stationnement incitatif ou des points d’attrait. »
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