Hôtesses et pilotes se sont rassemblés, lundi 22 juillet, devant le terminal 3 de l’aéroport d’Orly. À quelques jours des Jeux de Paris, ils dénoncent le transfert des activités de la compagnie vers Charles-de-Gaulle
Publié le 23 juillet 2024
« Orly, j’y suis, j’y reste ! » Lundi 22 juillet, devant le terminal 3 de l’aéroport francilien, quelques personnels navigants commerciaux (PNC) d’Air France avaient remisé leurs costumes au placard et sorti les pancartes pour dénoncer le transfert de leur compagnie, basée à Orly (Val-de-Marne) depuis 1952, vers Roissy ( Val-d’Oise ) d’ici à 2026.
À quelques jours de la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques de Paris, une partie des pilotes, affiliés au syndicat Alter, et des hôtesses et stewards se sont donc mis en grève jusqu’au 25 juillet, entraînant une légère incidence sur le trafic aérien. « Habituellement, quand il y a un grand événement et qu’on se mobilise, la direction est plus à l’écoute… se désole Marc1, steward. Depuis cette annonce de transfert, le 18 octobre, elle n’est jamais venue nous rencontrer. »
« Si je termine à 11 heures du soir à Roissy, je suis chez moi à 1 heure du matin »
Chez les salariés rassemblés à quelques mètres du terminus de la ligne 14 du métro ralliant depuis le mois de juin le centre de Paris en vingt minutes, personne ne comprend cette décision. Face à la perspective de devoir aller travailler à Charles-de-Gaulle, 50 kilomètres plus loin, la souffrance ne cesse de monter. « Nous habitons tous à proximité d’Orly, souligne Aline, hôtesse de l’air. Si je termine à 11 heures du soir à Roissy, je suis chez moi à 1 heure du matin. Les trajets doublent presque notre temps de travail. Il y a un fort risque accidentogène. »
Stéphane, technicien de maintenance sur les pistes, renchérit : « Soit, je choisis de rester ici et de m’enfermer dans un hangar. Soit je vais à Charles-de-Gaulle quatre à cinq fois par semaine, mais je ne tiendrai pas le rythme. Il faudra que je dorme sur le parking ou que je prenne un hôtel à mes frais. »
La situation est telle qu’une procédure de danger grave et imminent a été déclenchée, il y a quelques mois. Une expertise du cabinet Technologia est en cours sur les conditions de travail des hôtesses et stewards. De son côté, la compagnie, dont l’État est actionnaire à hauteur de 28 %, ne nie pas « les contraintes » liées à cette mobilité, mais préfère mettre en avant les mesures d’accompagnement proposées à certaines catégories de personnel (aucun accord n’a encore été ratifié pour les PNC – NDLR).
Dans ce chambardement, une partie des lignes Air France d’Orly seront donc basculées vers Charles-de-Gaulle, sauf celles desservant la Corse, en délégation de service public jusqu’en 2027. Les créneaux des navettes Air France, c’est-à-dire, les vols internes depuis l’aéroport du Val-de-Marne vers Nice, Toulouse et Marseille, déficitaires, seraient, eux, repris par Transavia, la compagnie low cost du groupe.
Mais, à moyen terme, la question du maintien de ces lignes, essentielles à l’aménagement du territoire, semble se poser. « Ces destinations seront les premières à sauter, car le court-courrier n’est pas leur priorité, c’est déjà ce qui s’est passé avec Brest. Transavia a repris le créneau en mettant des horaires qui ne convenaient pas aux clients et a ensuite décrété que ce n’était pas rentable », pointe Benjamin Roy, commandant de bord et président du syndicat Alter.
« Ben Smith, c’est comme Emmanuel Macron, tout pour l’aspect financier au mépris des droits des salariés ! »
Pour les pilotes, ce qui se prépare n’est ni plus ni moins qu’une catastrophe industrielle. « Ils veulent fermer notre base pour des raisons purement économiques. Ben Smith (le directeur général d’Air France), c’est comme Emmanuel Macron : tout pour l’aspect financier au mépris des droits des salariés ! » lance Alexandre Rio, du bureau d’Alter.
Avec son costume de commandant de bord bleu et sa cravate verte, qui signe son appartenance à Transavia, Christophe Laratte, délégué syndical chez Alter, a déjà un aperçu des conditions sociales tirées vers le bas. « Les pilotes ne sont pas les plus à plaindre dans cette histoire. Mais on voit bien la différence entre Air France et sa filiale. Il y a beaucoup de turnover sur les fonctions supports. Résultat, en un mois, j’ai autant de changements de plannings qu’en vingt ans chez Air France. Sans compter que Transavia sous-traite aussi la maintenance des avions et l’entretien de son parc de simulateurs de vol. » Pour dénoncer ce gâchis, la CGT-PNC et l’Union des navigants de l’aviation civile (Unac) avaient également déposé, ce mardi, un préavis de grève jusqu’au 29 juillet.
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