Publié le 29 mai 2024 à 17 h 30
Il est reconnu que les lignes aériennes canadiennes se tiennent dans le bas du classement en Amérique du Nord en termes du service offert ainsi que des prix et cette problématique serait entre autres liée au manque de compétition, selon les premières recommandations d’une étude du Bureau de la concurrence.
«Le manque de compétition ne pousse pas les lignes à s’améliorer», souligne le président de la plateforme volenretard.ca, Jacob Charbonneau.
Dans certains cas, un vol aller-retour entre Montréal et Winnipeg peut être aussi coûteux qu’un aller-retour Montréal-Paris.
L’étude en cours du Bureau de la concurrence qui tente de comprendre les causes du problème recommande justement d’ajouter de la compétition entre les compagnies aériennes, alors que le Canada ne compte pratiquement que deux entreprises: WestJet et Air Canada.
«On a un duopole essentiellement ici au Canada», constate l’invité en entrevue sur les ondes de LCN.
Dans ce contexte, «il y a moins de compétition, on tente moins de se démarquer, on offre moins un meilleur service, on tente moins d’innover, énumère t-il. Évidemment, ça gonfle les prix.»
FAILLITE DES PETITS JOUEURS
Pourtant, dans les quinze dernières années, une dizaine de lignes aériennes à bas prix ont tenté de se faire une place aux côtés de ces deux géants, mais elles ont majoritairement fermé ou ont fait faillite, mentionne le spécialiste.
«Quand il y a des plus petits transporteurs à bas prix qui tentent de percer le marché […], c’est beaucoup plus difficile parce que la compétition est forte et ce sont les compagnies comme Air Canada, qui ont les reins solides et qui peuvent se permettre des guerres commerciales», qui remportent, soutient M. Charbonneau.
Néanmoins, cette problématique serait aussi créée par des décisions gouvernementales qui ont été prises il y a près de 40 ans, soit «quand on a décidé de privatiser Air Canada», explique M. Charbonneau.
«On a fait deux choix, poursuit-il. Celui d’avoir moins de lignes aériennes au Canada, mais d’avoir des joueurs qui étaient plus forts, et on a aussi fait le choix, au Canada, d’avoir un modèle 100% utilisateurs payeurs.»
«Ça, ce que ça veut dire, c’est qu’au Canada on a une grande portion des frais quand on achète un billet qui se retrouve dans les taxes et dans les surcharges, poursuit l’expert. 100% des factures […] vont être finalement retournées aux consommateurs. Donc, eux vont devoir payer l’ensemble des frais, alors que dans d’autres types de transport, le train par exemple, il y a une portion des billets qui sont subventionnés par le gouvernement.»
DE LA «RÉDUFLATION» MÊME CHEZ LES COMPAGNIES AÉRIENNES
Bien sûr, les compagnies se défendent en précisant que le territoire canadien est vaste, mais cet argument serait exagéré d’après M. Charbonneau.
«C’est toujours l’offre et la demande, rappelle-t-il. Présentement, nos lignes aériennes roulent presque à plein rendement, donc on voit une croissance du prix, du moins pour les deux années passées.»
Pour ce qui est de l’année 2024, l’expert remarque que le prix du billet s’est plutôt stabilisé, et aurait même réduit, «mais ce n’est pas que ça coûte moins cher», prévient-il.
Les compagnies aériennes procèderaient plutôt à une forme de «réduflation», comme on peut le voir dans les épiceries où certains produits restent au même prix, mais la quantité offerte est moindre.
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